Entre biotechnologie, tolérance cutanée et nouveaux standards consommateurs
Par Anaïs BONNEFOY
Depuis plusieurs années, la « clean beauty » s’était imposée comme un incontournable de la cosmétique, censée répondre aux attentes des consommateurs pour des produits jugés plus sûrs, plus sains et plus responsables. Mais derrière cet engouement initial, les limites se sont peu à peu révélées.
La première d’entre elles est d’ordre réglementaire : il n’existe ni définition officielle du « clean », ni de label reconnu, et encore moins de réglementation spécifique encadrant son usage. Chaque acteur interprète le concept à sa manière. Aux États-Unis, Ulta ou Credo Beauty ont chacun leurs propres listes d’ingrédients exclus. En France, il en va de même pour Sephora ou Oh My Cream, ce dernier classant comme naturelles les formules contenant des actifs d’origine naturelle, même si le reste de la composition ne l’est pas. En Corée du Sud, c’est la certification EWG qui domine les critères de sélection. Résultat : un flou généralisé, où une même formule peut être considérée comme « clean » par un acteur et rejetée par un autre, fragilisant la légitimité même du terme.
À cela s’ajoute un discours souvent anxiogène, centré sur les mentions « sans » (sans parabènes, sans sulfates, sans silicones), qui mise davantage sur la peur que sur la pédagogie. Cette approche réductrice, et peu scientifique, a renforcé la méfiance envers des ingrédients pourtant bien maîtrisés par le secteur. Elle a aussi entretenu une confusion croissante chez les consommateurs : est-ce que « clean » est synonyme de naturel ? de non toxique ? d’écologique ? ou simplement de sûr ? Mais que veut dire « sûr », au juste ?
Au final, le mouvement « clean », conçu pour éclairer les choix, a contribué à les embrouiller. Les attentes évoluent désormais vers des produits qui ne soient pas seulement « clean » par principe, mais efficaces, durables et appuyés par des données scientifiques. En quête de résultats, d’innovation et de transparence réelle, les consommateurs ouvrent aujourd’hui la voie à une nouvelle génération de soins : la « Cleanical Beauty ».